Préambule
Ōgi関西 est une petite association d’Ōsaka, discrète et tenace. Son siège se trouve à Tennōji, dans un bâtiment de deux étages où l’on entre sans frapper : la clochette tinte, l’odeur du thé vert remonte l’escalier, et les plateaux attendent, rangés au cordeau. Autour, plusieurs clubs de quartier — Tenjinbashisuji, Kyōbashi, d’autres encore — relayent l’activité au plus près des habitants.
Ici, le jeu n’est pas un échappatoire : c’est une manière de tenir la journée. On vient après le travail, entre deux services, avec un enfant qui s’assoupit sur un banc. Les anciens commentent une finale sans hausser la voix, un retraité montre comment replacer les pièces sans les faire claquer, deux étudiantes comparent leurs carnets. On prête des livres de la petite bibliothèque, on boit un thé trop infusé, on se passe des nouvelles. Quand quelqu’un déménage, trois membres se présentent le matin avec des gants et du ruban adhésif. Quand quelqu’un tombe malade, on organise une visite, on signe une carte.
Le calendrier est simple. Le dimanche matin, on étudie : ouvertures, sacrifices, fins de parties. L’après-midi, parties classées, rien d’ostentatoire. En semaine, le soir, la salle reste ouverte pour la pratique libre. À chaque trimestre, un stage resserré : conférence, atelier de lecture, respiration assise, parfois une marche au bord de la rivière. Parfois aussi, hors les murs, une rencontre dans un café du quartier pour expliquer aux curieux ce que nous aimons dans ce jeu — pas la victoire, plutôt la tenue.
De temps à autre, quand la saison s’y prête et que les voix veulent autre chose que la notation des coups, l’association organise une session de Hyakumonogatari Kaidankai (百物語怪談会) — un rassemblement où l’on se contente de dire, l’un après l’autre, des histoires que la raison n’épuise pas. Ce n’est ni un tournoi ni un spectacle. C’est une autre façon de se tenir ensemble, et d’écouter.