Cent Histoires de la Région du Kansai

La Princesse Bleue

Introduction

Le Président se lève. Il salue d’un signe de tête lent, comme on compte les présences.

Bonsoir à toutes et à tous. Merci d’être là.

Ce rendez-vous était prévu depuis le début de l’année. Je ne vous cache pas que j’ai hésité à l’annuler. Le 19 juin, nous avons perdu Ishikawa-sensei. Et, jeudi dernier — lors du shijūku-nichi kuyo — certains d’entre vous ont perçu, comme moi, des choses qui n’étaient pas à leur place. L’organisation a changé, la liste aussi. Malgré cela, vous êtes venus. Je vous en remercie.

Nous nous connaissons pour la plupart. Inutile d’énoncer des consignes. Avancez-vous simplement face à votre bougie. Elles sont cent, disposées autour de nous ; la dernière est ici, devant moi, à l’abri d’un lampion bleu.

Ce soir, nous prenons le temps. Autant qu’il faudra. La nuit nous appartient ; rien n’est chronométré. Nous n’avons pas d’objectif à atteindre, pas de nombre à remplir : s’il n’y a que soixante récits, ce sera soixante ; si le silence tombe plus tôt, ce sera le silence. Nous irons jusqu’où la salle — et ceux qui parlent — le permettront.

Quand viendra votre tour, dites simplement je. Dites ce qui vous reste en travers, ce qui insiste. Pas de démonstration nécessaire, pas de noms s’ils n’ont pas leur place. Nous sommes entre nous ; la confiance suffit.

Je n’ai rien à promettre sur l’issue. La tradition prête à la dernière flamme un pouvoir que je ne discuterai pas. Ce soir, nous n’attendons rien d’autre que des paroles justes, tenues à hauteur d’homme, et l’attention qui les reçoit.

Je prendrai aussi la parole, comme les autres. Peut-être le dernier, peut-être pas. Nous verrons.

Il inspire profondément et laisse le silence se poser.

La séance peut commencer.