Elle s’avance d’un pas hésitant. Sa voix est calme, mais tendue.
Je vais vous parler d’un rêve. Rien qu’un rêve, sans doute.
Je suis assise à un ōgiban. Il fait nuit. Je ne vois rien autour de moi — seulement le plateau, parfaitement éclairé, comme suspendu dans le vide. Mon adversaire est là, en face. Mais je ne vois jamais son visage. Juste son souffle.
La partie commence.
Ses pièces sont… étranges. Elles brillent un peu. En les regardant de près, je comprends : elles sont en chocolat. Chocolat blanc. Et les kanji dessus, en chocolat noir.
Chaque fois que je capture une pièce, je la regarde et… je la mange. Je ne sais pas pourquoi. Je ne peux pas faire autrement. C’est doux, sucré, fondant.
Je continue de jouer ainsi… Jusqu’à ce qu’il gagne.
Une courte pause est marquée.
C’est à ce moment-là que j’entrevois son visage.
Elle se tait. Un long silence.